samedi 2 octobre 2010

Sexe, jeux et médias sociaux

En 2009, Ben Alexander, un Américain de 19 ans, quitte l’université pour entrer chez reSTART afin de soigner sa dépendance. Ce centre ne soigne pas les alcooliques, ne traite pas les drogués et n’offre aucune solution aux accrocs du shopping. ReSTART est le premier centre de réhabilitation pour dépendants à Internet, ressource appropriée pour notre ami qui passe le plus clair de son temps à parcourir les mondes de World of Warcraft, jeu de rôle en ligne gagnant du prix « Most addictive game » aux Spike TV Video Game Awards en 2005 et que plusieurs surnomment la «cocaïne des jeux vidéos».

Selon une étude de l’Université Harvard, entre douze et vingt millions d’Américains auraient une dépendance au web (contre quatorze millions considérés comme ayant un problème avec l’alcool). Si cette notion de dépendance prête à interprétation, il n’en reste pas moins que le nombre moyen d’heures consacrées à Internet est considérable.

Si la télévision a longtemps été la seule activité à nous garder cloué à notre fauteuil, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En 2010, pour la première fois, un sondage de la firme Ipsos-Reid indiquait que le nombre moyen d’heures passées en ligne par les Canadiens, 18 heures par semaine, dépassait celui des heures consacrées à regarder la télévision (plusieurs études montrent qu’une proportion considérable de gens pratique les deux activités simultanément).

C’est sur les réseaux sociaux qu’on compte la plus grande proportion du temps en ligne, soit 22 %. Aux États-Unis, les utilisateurs d’Internet consacrent plus de temps à Facebook que Google, Yahoo, YouTube, Microsoft, Wikipédia et Amazon réunis.

En deuxième position des activités les plus populaires sur le web se trouvent les jeux en ligne, avec 10 % du temps total. Pour ceux qui s’inquiètent de l’impact des jeux vidéos sur la productivité, sachez qu’on joue en réseaux plus de 400 millions d’heures au total chaque mois chez nos voisins du sud, contre 330 millions d’heures au total consacrées aux courriels, activité qui trône au troisième rang de notre palmarès.

Lorsque j’ai consulté ces chiffres, tirés pour la plupart d’une étude de la firme Nielsen, et que j’ai constaté que derrière ces trois activités principales se trouvaient, dans l’ordre, les portails, la messagerie instantanée, et les vidéos, je me suis posé une question, peut-être la même que vous vous posez en ce moment, et que plusieurs se sont également posés à propos de ces données : où est la porno? Sérieusement, il faut bien des gens pour faire vivre cette industrie de cinq milliards de dollars, qui compte pour 12 % des sites sur Internet (près de 25 millions de sites), et que près d’une personne sur quatre ne se gêne pas pour consulter même au bureau (cette dernière donnée est assez inquiétante). La meilleure réponse que j’ai pu trouver est que la proportion du temps à naviguer sur ces sites devait se dissimuler dans la catégorie «Autres» du sondage de Nielsen, ou encore dans les catégories Vidéos et Divertissement, qui comptent à eux trois 40 % du temps passé en ligne.

Mais quels besoins peuvent donc être comblés sur l’autoroute de l’information (est-ce moi ou cette expression a vraiment fait son temps?) pour qu’on y consacre tout près de l’équivalent d’une journée par semaine? Si on revient à la base, à la pyramide de Maslow qui figure au programme de tout bon cours de sciences humaines, on pourrait dire que le web comble les besoins de socialisation, d’accomplissement et d’estime de soi (on n’a qu’à penser ici aux réseaux sociaux) en plus d’être un excellent outil de divertissement. Donc, si on peut s’accomplir, s’amuser et communiquer sur Internet, autant se lever uniquement pour manger et dormir un peu? C’est peut-être ce que se disait Ben Alexander avant d’entrer chez reStart. En terminant, ceux qui voudraient plus d’informations sur ce centre peuvent visiter leur site Internet, leur page Facebook, leur canal You Tube ou encore les suivre sur Twitter.


Article publié dans le journal Sans Papier

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